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Se redéfinir à la retraite, un processus d’essais et d’erreurs

Que faites-vous dans la vie ? Vous avez probablement trouvé facile de répondre à cette question lorsque vous étiez sur le marché du travail. Je suis professeur(-e), je suis infirmier(-e), je suis gestionnaire. Cette façon de répondre en associant ce qui nous définit à notre emploi est tout à fait normale. Pour plusieurs, la carrière ne représente pas qu’un gagne-pain mais bien une composante fondamentale de leur identité. Le statut professionnel, les rôles et les responsabilités ainsi que les connexions interpersonnelles inhérentes au travail nourrissent notre identité et la façon dont nous nous définissons en tant qu’individu.

La retraite, en raison de la rupture qu’elle représente face à l’emploi, est une étape significative marquée par de nombreux changements ainsi que par la nécessité de se redéfinir. Cette redécouverte de soi, bien que stimulante, est associée à de nombreux questionnements : « Qui serai-je sans mon travail ? », « Comment vais-je occuper mon temps ? », « Comment puis-je être utile ? » Ces questions sont légitimes dans le contexte où la plus grande partie de notre vie a été vécue autour d’une structure professionnelle. La retraite peut donc ressembler à un saut dans le vide, mais elle peut également se vivre comme une occasion d’explorer notre identité à l’extérieur de notre profession.

L’une des façons de redéfinir notre identité est de s’engager dans des activités significatives et productives. Cela inclut l’exploration de passions longtemps mises de côté, le bénévolat ou l’implication dans des projets communautaires. Investir notre temps et notre énergie dans des activités cohérentes avec nos valeurs nourrit notre estime de soi et contribue à notre équilibre psychologique. Nos valeurs constituent une forme de boussole interne qui nous guide dans notre découverte de soi. Sur le plan théorique, cela semble assez simple, mais en pratique, cela l’est beaucoup moins.

De nombreuses pensées envahissantes, émotions désagréables ou comportements d’évitement peuvent court-circuiter notre élan vers la découverte de soi. Par exemple, il est possible que vous ne vous considériez pas suffisamment en forme pour commencer un programme de remise en forme ou encore que vous ne vous sentiez pas suffisamment habile pour entreprendre un cours de peinture. Ces pensées peuvent entraîner des émotions de peur ou de honte et contribuer au refus de s’engager dans ces activités (comportement d’évitement). Ainsi, la croyance de ne pas être à la hauteur et de ne pas être en mesure de s’investir et de se découvrir dans ces activités est entretenue.

Plusieurs tendent à espérer que leurs croyances ou émotions négatives diminuent avant de s’investir dans une activité. Dans le cadre de ma pratique, la plupart de mes clients me demandent de les aider à s’en débarrasser afin de les aider à s’accomplir sur le plan personnel. Et si le secret ne résidait pas dans le contrôle ou l’élimination de nos croyances mais bien dans l’observation ? Ou dans le pas de recul nécessaire face à nos pensées ? Si, plutôt que de passer du temps à réduire mes craintes, je me lançais dans une activité qui m’intéresse et dans laquelle je pourrais me développer avec ouverture, et ce, malgré la peur ?

Rappelez-vous des émotions que vous ressentiez au début de votre carrière lorsque vous n’aviez jamais enseigné, n’aviez jamais fait un prélèvement sanguin ou que vous n’aviez jamais dirigé une équipe. Il est fort probable que votre confiance en vos capacités ait été plus faible qu’à l’aube de votre retraite. L’expérience vous a probablement appris que vous étiez en mesure d’accomplir ces tâches et que vous aviez la capacité d’apprendre et de vous développer à travers elles.

Maintenant, essayez d’appliquer le même principe aux activités qui pourraient vous redéfinir. Vous pourriez devenir artiste, coureur, épicurien, globe-trotter, musicien, etc. Vous n’avez peut-être pas eu le temps d’explorer ces activités par le passé. Ainsi, ce n’est pas nécessairement parce que vous n’êtes pas capable de le faire. Vous manquez peut-être seulement d’expérience. La découverte de soi est un processus d’essais et d’erreurs dans lequel la compassion envers soi est essentielle. Ce processus est l’occasion de réécrire votre histoire ou d’étoffer certains chapitres, de vous révéler à vous-même et au monde sous une autre lumière, à l’extérieur de votre emploi.

Et pour conclure, j’ai bien envie de vous poser à nouveau cette question : Que faites-vous dans la vie ?

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