Les luttes environnementales au Québec
Les luttes environnementales qu’a connues le Québec ont façonné plusieurs politiques et ont contribué à la prise de conscience collective sur les enjeux écologiques.
Années 1970 : l’éveil écologique
Un des événements fondateurs fut la contestation du projet de la Baie-James, un vaste programme hydroélectrique initié par Hydro-Québec. Annoncé en 1971, ce projet impliquait l’exploitation de rivières du nord du Québec. Au-delà des considérations économiques pour la province, il souleva d’importantes questions écologiques et sociales.
Les populations autochtones, dont les terres étaient directement affectées par le projet, s’opposèrent fermement à la construction des barrages. La signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois marqua le début de la reconnaissance des droits des Autochtones sur leurs terres et l’encadrement de projets de développement en fonction de leurs impacts environnementaux (Notzke, 1994).
Années 1980 et 1990 : l’essor du mouvement vert
Ces années riment avec la diversification des luttes environnementales. Les années 1980 ont été marquées par des mobilisations contre l’industrialisation croissante et ses effets négatifs sur l’environnement, notamment en matière de pollution de l’air et de l’eau. En 1985, le Québec a encadré l’exploitation des ressources naturelles et s’est donné l’objectif de réduire la pollution industrielle (Loi sur la qualité de l’environnement, 1985).
Les années 1990 ont vu émerger une prise de conscience croissante autour des questions liées à la biodiversité, à la conservation des écosystèmes et à la sensibilisation par l’éducation. En 1993, la Commission mondiale sur l’environnement et la publication du rapport intitulé « Notre avenir à tous » donne naissance aux établissements verts Brundtland (EVB), qui portent aujourd’hui le nom de Mouvement ACTES, une initiative toujours portée par la Centrale des syndicats du Québec.
Années 2000 : la lutte contre les gaz à effet de serre et l’exploitation des énergies fossiles
Dans les années 2000, les enjeux climatiques sont devenus centraux dans les luttes environnementales au Québec. La province a adopté en 2006 le Plan d’action sur les changements climatiques, qui visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et à promouvoir les énergies renouvelables. Ce plan faisait suite à la signature par le Canada du Protocole de Kyoto, bien que les objectifs fixés à l’époque aient été difficiles à atteindre.
La contestation contre plusieurs projets d’extraction de pétrole et de gaz a marqué cette période. En 2010, le projet d’exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent a provoqué une vive opposition, tant de la part des communautés locales que des groupes environnementaux. L’instauration d’un moratoire sur la fracturation hydraulique dans la province en 2012 fut une victoire significative pour les mouvements écologistes (Gélinas, 2014).
L’émergence d’un mouvement citoyen global
Les luttes environnementales au Québec s’inscrivent de plus en plus dans un cadre global, en lien avec les mouvements pour la justice climatique. Les campagnes contre les pipelines, comme celles menées contre le projet Énergie Est de TransCanada, ou plus récemment contre GNL Québec, ont mobilisé des milliers de citoyens inquiets des risques environnementaux liés au transport de pétrole, lesquels auront eu gain de cause.
L’un des aspects marquants de ces dernières années a été la participation massive des jeunes à ces luttes. Les grèves pour le climat, initiées en 2018 et 2019, ont vu des dizaines de milliers de personnes descendre dans la rue pour exiger des actions concrètes contre les changements climatiques. Ces mouvements, inspirés par la militante suédoise Greta Thunberg, ont marqué une nouvelle étape dans l’histoire des luttes environnementales au Québec, où l’intersection entre justice sociale et justice environnementale devient de plus en plus apparente (Cloutier et Gauthier, 2020).
La récente création du Mouvement pour la suite du monde illustre bien cette idée de s’attaquer globalement aux problèmes environnementaux en parlant à l’unisson pour faire connaître les solutions qui existent. Ce mouvement regroupe plus de cinquante organisations représentant plus de deux millions de Québécois de toutes générations.
L’histoire nous prouve que des gains importants peuvent être faits lorsque nous défendons collectivement des causes qui nous tiennent à cœur.
Références :
Bergeron, Y., Leduc, A., & Harvey, B. (1998). « Natural Fire Regime: a Guide for Sustainable Management of the Canadian Boreal Forest ». Forest Ecology and Management.
Cloutier, E., & Gauthier, M. (2020). « Jeunes et luttes climatiques au Québec : Vers un changement générationnel ». Cahiers de recherche sociologique.
Gélinas, P. (2014). Les gaz de schiste au Québec : enjeux et perspectives. Université Laval.
Gouvernement du Québec (2006). Plan d’action sur les changements climatiques 2006-2012.
Loi sur la qualité de l’environnement (1985). L.R.Q., chapitre Q-2.
Notzke, C. (1994). Aboriginal Peoples and Natural Resources in Canada.
Mouvement pour la suite du Monde. (2024). https://pourlasuitedumonde.ca/