Et quand il ne restera rien à exploiter ?
J’ai été coopérante au moment où l’aide internationale canadienne priorisait l’amélioration du sort des femmes et l’accès des populations à l’eau potable. Deux volets liés, puisque les femmes africaines ou latino-américaines marchaient des kilomètres chaque matin pour apporter l’eau nécessaire à leur foyer.
L’aide au développement appuyait aussi les populations rurales par des technologies simples, pour améliorer la production traditionnelle. Ces images me reviennent ces jours-ci.
En effet, plusieurs groupes environnementaux s’inquiètent de l’appropriation des ressources naturelles (forêts, terres et surtout l’eau) par des prédateurs à la recherche de profits. Ma préoccupation est double parce que cette appropriation s’attaque à deux droits fondamentaux des populations, celui de l’accès à l’eau, source par excellence de la vie, et celui de la vie dans un environnement sain et sécuritaire.
Les données récentes de l’UNICEF, d’OXFAM ou d’Eau Secours1 illustrent bien la situation.
Malgré plusieurs décennies d’efforts pour l’accès à l’eau, plus de deux milliards d’êtres humains ne disposent pas encore de cette ressource.
La situation se complique aussi puisque les pays endettés par les crises financières successives se font offrir de l’aide par des institutions internationales, à condition de privatiser leurs services publics. Ce fut le cas de la Bolivie pour la gestion et la distribution de son eau. Un véritable hold-up.
Pour les mêmes raisons évoquées précédemment, des exploitations agricoles traditionnelles en mode communautaire ont été vendues à des conglomérats privés au détriment de la sécurité alimentaire des populations et du respect des sols agricoles
(Mali, Mauritanie). Le saccage de la forêt amazonienne se poursuit.
Au Chili, des minières canadiennes sont installées en plein territoire autochtone. Les processus d’extraction exigent une consommation d’eau énorme. À un point tel que le gouvernent chilien doit assurer la livraison de l’eau potable par camions-citernes dans plusieurs villages.
Les États sont menottés. Les accords commerciaux permettent aux sociétés et entreprises de déposer des poursuites coûteuses si un gouvernement tente de légiférer pour encadrer cette exploitation sauvage et du coup réduire les marges des investisseurs.
Il est urgent d’agir : appuyons les campagnes des environnementalistes, pratiquons une consommation individuelle raisonnable et responsable, échangeons avec nos petits-enfants sur d’autres actions possibles.