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Lutte à la pandémie : des membres de l’AREQ répondent à l’appel

Sylvain Roy, député de Bonaventure, et Chantal Boudreau, membre de l’AREQ
CHANTAL BOUDREAU    
Infirmière un jour, infirmière toujours !

« J’ai fait mon cours de techniques infirmières de 1980 à 1983 au cégep de La Pocatière et j’ai tout de suite commencé à travailler à l’hôpital de Maria. Imaginez, dans ces années-là, il y avait trop d’infirmières ! Je rentrais travailler pour une ou deux heures n’importe quand et il fallait faire son ancienneté. De 1983 à 1986, j’ai donc travaillé sur appel en soins prolongés, médecine et chirurgie, pratiquement toujours de nuit. Officiellement, j’ai pris ma retraite le 30 juin 2019, mais j’y suis retournée jusqu’au 13 février 2020. Je me souviendrai toujours : mon beau-frère est décédé subitement et on n’a pas pu me remplacer dans ces moments difficiles. Être infirmière représente beaucoup de sacrifices. Je n’ai pas toujours pu être là pour mes proches. C’est pour ça que j’ai finalement démissionné : ma famille, c’est ma priorité.

DEPUIS JANVIER 2021, J’AI EU MA FORMATION POUR VACCINER CONTRE LA  COVID.
LUTTER CONTRE UNE PANDÉMIE

Puis, la pandémie est arrivée. C’est en octobre 2020 que le CISSS de la Gaspésie m’a contactée et que j’ai accepté de faire des appels téléphoniques aux résidents du Lady Maria, une résidence pour aînés. La COVID avait frappé ce milieu de vie et il y manquait de ressources. À ce moment, mon travail était de les questionner tous les jours sur leur santé en général et sur les symptômes de la COVID. Pour trois semaines, soit le temps de contrôler l’éclosion. Je devais ensuite envoyer un rapport sur ceux qui devaient être vus en priorité. Parallèlement, j’ai aussi travaillé comme préposée dans un service de garde scolaire pour prendre soin d’enfants à besoins particuliers à l’heure du midi. Depuis janvier 2021, j’ai eu ma formation pour vacciner contre la COVID. Et me voilà, depuis début avril, à vacciner. Les infirmières retraitées sont très présentes, en majorité même, dans les cliniques de vaccination de ma région.

Nous prévoyons être encore présentes pour la 2e dose. D’ailleurs, j’ai même recruté le président de l’AREQ Baie-des-Chaleurs, Rémi Gagnon (mon époux chéri), pour faire lui aussi son retour au combat. »

 

PAUL ST-HILAIRE
Enseignant retraité toujours passionné

« Enseignant au secondaire et représentant syndical à la retraite depuis près de quatre ans, j’ai répondu à l’appel de mes anciens collègues enseignants et enseignantes pour effectuer de la suppléance occasionnelle. Les besoins sont importants, particulièrement au niveau primaire. J’ai retrouvé le plaisir d’enseigner autant que d’appuyer mes nouvelles collègues, qui peuvent ainsi se libérer pour réaliser, entre autres, des mises à jour, des activités de perfectionnement ou collaborer au suivi de plans d’intervention.

J’ai constaté l’automne dernier les difficultés scolaires de plusieurs élèves qui n’arrivaient pas, ou très difficilement, à réactiver les stratégies et les contenus liés aux programmes d’enseignement de l’année scolaire précédente. En discutant avec les enseignantes, j’ai ressenti, pour plusieurs, leur essoufflement et de sérieuses inquiétudes quant aux risques réels d’échec de plusieurs de leurs élèves. C’est pour ces raisons que j’ai offert mes services au centre scolaire de ma région pour effectuer du tutorat auprès d’élèves ciblés par les enseignantes.

TUTORAT DURANT LA PANDÉMIE

L’organisation du programme de tutorat s’est malheureusement ajoutée aux nombreuses tâches des directions d’écoles et des enseignantes. Je passe ici sous silence la paperasse supplémentaire à compléter par ces dernières pour référer les élèves. Contrairement aux suppléances pour lesquelles le travail à faire et le matériel sont disponibles, le tutorat exige une bonne part de créativité. Pour ma part, à l’aide de matériel pédagogique ciblant les contenus (français et mathématiques) à travailler avec les élèves, j’anime avec humour et motivation des ateliers auprès de deux petits groupes de 2 et 6 élèves à la fin des cours de l’après-midi. Tous et toutes participent avec intérêt.

Comme on dit, je “garde ça simple” tout en leur rappelant l’importance de saisir l’occasion d’améliorer leurs connaissances et leurs réflexes quand vient le temps d’aborder les exercices que je leur soumets. Les voir me quitter en souriant après la courte période de tutorat, je me dis que je leur ai permis de jumeler persévérance et plaisir. »

 

MICHÈLE ALBERT    
Infirmière retraitée : du tricot, des masques, pis des vaccins !

« Le 29 novembre 2018, j’ai pris ma retraite afin de me permettre de choisir quand je veux travailler, avoir l’opportunité de dire oui ou non. J’ai eu une carrière pleine de défis et de rebondissements.

J’ai terminé ma carrière dans le département de maternité à l’hôpital de Maria le 29 novembre 2018 et j’étais réembauchée le jour même en tant qu’infirmière retraitée. Je pense que l’amour du métier et la belle carrière que j’ai pu vivre ont fait que je ne pouvais fermer la page complètement.

LE VIRUS QUI A TOUT CHANGÉ

Puis est arrivée la pandémie. À ce moment, ma première réflexion a été : “On n’est pas prêts pour ça.”

Il faut se mettre à ma place : je suis infirmière au Centre hospitalier de Maria ; ma première fille, enceinte de quatre mois, est infirmière et elle est réaffectée au travail sur une unité à l’hôpital ; mon frère est infirmier à l’urgence du CLSC de Paspébiac ; l’une de ses filles est infirmière sur une unité de médecine ; et sa deuxième fille enseigne et à la semaine de relâche, elle est en voyage dans le Sud.

Si une personne de la famille l’attrapait, on pouvait tous y passer puisqu’on est tissés serrés, et nous étions particulièrement à risque de l’attraper et de le transmettre.

« En décembre 2020, j’ai finalement reçu l’appel pour aller vacciner pour la COVID-19. »

 

ME RENDRE UTILE SANS ME METTRE À RISQUE

J’ai été sollicitée à plusieurs reprises pour le travail à l’hôpital, mais je n’étais pas à l’aise avec la disponibilité des équipements de protection individuelle (ÉPI). Je me suis alors rendue disponible pour tout autre travail.

J’ai préparé ma retraite environ deux ans plus tôt, donc en 2016-2017, et en 2018, j’ai fait l’achat d’une machine à coudre, d’une surjeteuse, des broches à tricoter, des tonnes de balles de laine, etc., c’était ce à quoi je voulais passer du temps de loisir : créer.

Peu de temps après, il y a eu une éclosion au Manoir Lady Maria. À ce moment, une infirmière a communiqué avec moi pour lui donner une liste de nom d’infirmières comme moi à la retraite afin d’effectuer des appels de courtoisie et des appels qui auraient pour but de soutenir ces personnes âgées confinées à leur appartement et malades parfois.

J’ai donc fait des appels sur une base quotidienne jusqu’à la fin de cette éclosion, soit pendant 30 jours, afin de donner les consignes à suivre selon leurs symptômes, appeler leur pharmacien ou les référer à leur médecin de famille pour un ajustement de médicaments, etc.

LA CAMPAGNE DE VACCINATION

En décembre 2020, j’ai finalement reçu l’appel pour aller vacciner pour la COVID-19. Enfin des vaccins pour ce virus qui bouleverse toute la planète actuellement ! J’ai donc embarqué dans l’équipe de personnes retraitées de la santé qui vaccine dans mon secteur.

Enfin, comme retraitée, je suis active dans la vie. J’y mords à pleines dents. Je sors marcher presque tous les jours, j’aide les miens et mon prochain. Je sympathise le plus souvent possible, je couds, je tricote et je lis de gros livres. J’ai fabriqué près de 25 masques communautaires pour une classe d’élèves de 2e année, classe de ma filleule. Je suis fière d’avoir contribué dans cette période de crise historique. »

 

MARTIN LIZÉE
Du collégial au … primaire

« J’ai enseigné au niveau collégial en Technologies sonores pendant 28 ans avant de prendre ma retraite en 2019. Lorsque le gouvernement Legault a lancé un appel aux enseignants retraités pour faire du tutorat, je me suis senti interpellé. Je voyais tous ces gens dans le milieu de la santé et dans les services essentiels qui se dévouaient corps et âme et je voulais apporter ma contribution. Comme je n’ai aucune expérience dans le domaine de la santé, je trouvais que d’aider des jeunes du primaire ou du secondaire était une bonne façon de faire ma part, de donner au suivant.

« C’est très gratifiant de voir qu’on aide un enfant et qu’on fait une différence dans son cheminement. »
UN DÉFI QUI EN VAUT LA PEINE

Après avoir passé à travers toutes les procédures administratives, qui n’étaient pas aussi simples que j’aurais pensé, on m’a affecté des élèves de 5e et 6e années du primaire. Les premières rencontres ont été plutôt difficiles, car, j’ai beau être un prof, je n’avais jamais enseigné les mathématiques et le français . Et en plus, je n’avais aucune idée de la matière vue en fin de primaire. J’ai contacté les enseignants pour avoir un peu plus de détails et ils m’ont envoyé chaque semaine leur plan de travail et quelques indications sur ce qui est vu au courant de la semaine. Mais ça reste quand même sommaire, alors au début des séances de tutorat, je demande aux élèves de me montrer ce qu’ils font cette semaine-là. Le fait que les séances se font en mode virtuel via le logiciel Teams rend les choses un peu plus compliquées. Je ne peux pas regarder directement une feuille d’exercices qu’ils ont à faire, alors souvent l’élève ou son parent prend une photo de la feuille et me l’envoie par courriel. Le fait que je ne voie pas non plus ce que l’élève écrit sur sa feuille rend le tutorat plus difficile aussi.

Malgré le fait que c’est plus difficile que je pensais, je suis quand même content de mon expérience, car c’est très gratifiant de voir qu’on aide un enfant et qu’on fait une différence dans son cheminement. »

 

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