Le racisme : sujet sensible et complexe
NOUS SAVONS BIEN QUE LE RACISME N’EST PAS INNÉ, IL SE TRANSMET.
Le racisme est un système d’oppression qui réfère aux inégalités sociales et raciales. Fondé sur un rapport de pouvoir inégal entre majoritaires et minorisés, le racisme permet de justifier l’inégalité de traitement, l’infériorisation, l’exploitation et même l’exclusion. Il cautionne aussi les inégalités matérielles : division raciale du travail, ségrégation spatiale, discrimination à l’emploi, au logement, etc.
L’idéologie raciste soutient qu’il n’existe pas qu’une seule espèce humaine mais bien plusieurs races dont certaines sont inférieures et d’autres supérieures et vouées à dominer les autres. La classification établie par Johann Friedrich Blumenbach à la fin du XVIIIe siècle divisait l’espèce humaine en cinq races : blanche, jaune, marron, rouge et noire. Plusieurs tentatives de hiérarchisation des êtres humains excluaient l’existence d’ancêtres communs, avec une constante pourtant, l’homme blanc se situant toujours au sommet de la hiérarchie. Par exemple, Arthur de Gobineau, dans son Essai sur l’inégalité des races humaines, paru en 1853, prônait la supériorité de la race blanche.
Cette classification des races, cette hiérarchisation a justifié le colonialisme, l’esclavagisme. Elle a aussi accentué les différences entre Nous et les Autres, une situation qui persiste encore aujourd’hui.
Pourtant, la Déclaration universelle des droits de l’homme énonçait en 1948 que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ».
DU RACISME AU QUÉBEC ?
OUI, comme dans tous les pays du monde. Stigmatiser l’étranger est un phénomène universel autant que véhiculer des préjugés et des stéréotypes à son égard. Nous savons bien que le racisme n’est pas inné, il se transmet. Ce qu’il faut savoir c’est que dans la reconnaissance du racisme systémique, c’est le système qui est visé : l’État, les politiques, les institutions.
Les exemples foisonnent, entre autres sur le profilage racial quand la police interpelle bien plus souvent les Noirs et les Latino-Américains que les Blancs pour le même genre d’activités. Cette discrimination, c’est l’actualisation de stéréotypes, de préjugés, conscients ou non, dans ces cas-ci liée à la couleur de la peau.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté, le 19 juin dernier, une résolution condamnant le racisme systémique et les violences policières. Faut-il rappeler qu’en 1996, le Québec a reconnu le caractère systémique de la discrimination à l’égard des femmes ?
RACISME SYSTÉMIQUE OU DISCRIMINATION SYSTÉMIQUE ?
Paul Eid, codirecteur de l’Observatoire sur le racisme à l’UQAM, et Myrlande Pierre, vice-présidente de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, insistent tous deux pour utiliser le terme racisme systémique. En ne parlant que de discrimination, on se limite aux actes, soulignent-ils.
Mais selon Victor Piché, professeur honoraire en démographie de l’UdM, et Sébastien Brodeur Girard, avocat et codirecteur à la commission Viens, la discrimination systémique englobe la définition du racisme systémique car elle inclut les discriminations liées à la race. Il n’y a donc pas présentement de définition consensuelle entre chercheurs au Québec.
À ce sujet, Gérard Bouchard, sociologue, dit ceci : « J’aimerais qu’on parle davantage de gestes concrets et je regrette que des problèmes si aigus aient donné naissance à une querelle portant sur les mots et non sur les solutions. »
Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec, mentionne quant à lui ce qui suit à propos du racisme : « Qu’il soit qualifié de systémique, de structurel ou autrement, on ne peut plus nier qu’il existe une injustice aux conséquences discriminatoires dans de nombreuses lois, politiques et actions gouvernementales. Il est temps d’arrêter de contourner et de nier cette situation pourtant évidente. Il faut la reconnaître, y faire face et la corriger. »
ET MAINTENANT QUE FAIRE ?
Nier ou atténuer les divers visages du racisme ne résout pas le problème, au contraire, cela fait obstacle à une vie sociétale plus juste et équitable. Au Québec, le premier ministre a créé un groupe de travail ayant pour objectif d’instaurer des mesures et de trouver des solutions pour contrer le racisme. Il a mentionné que ces mesures devraient aussi s’inscrire dans le cursus scolaire. Souhaitons que les cibles soient concrètes.
Plus que jamais la lutte contre le racisme doit passer par la sensibilisation, l’éducation, pour que nous puissions enfin vivre dans un monde égalitaire, hommes et femmes, diversité de genres, personnes autochtones, minorités racisées. En d’autres mots, il faut fonder nos actions sur le respect et l’acceptation de la diversité pour vivre pleinement nos valeurs d’équité, de justice et d’égalité.
La Déclaration universelle des droits de l’homme énonçait en 1948 que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ».