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L’âgisme dans la culture populaire : déconstruire les stéréotypes un projet à la fois

L’âgisme, soit la discrimination fondée sur l’âge, touche profondément notre société. Au Québec, près d’une personne de 65 ans et plus sur deux affirme en avoir été victime. Cela se manifeste à travers des attitudes hostiles, des traitements différenciés dans les services de santé, ou encore par la sous-estimation des compétences des aînés. Loin d’être un simple malaise individuel, l’âgisme est un problème systémique qui altère la santé physique, psychologique et sociale des personnes aînées.

C’est en ce sens que le conseiller aux dossiers sociaux de l’AREQ, Samuel Labrecque, offre une conférence intitulée  « Âgisme – La représentation des aînés dans la culture populaire ».

Le miroir déformant de la culture populaire

Pourquoi s’intéresser à la culture populaire dans la lutte contre l’âgisme ? Parce qu’elle façonne nos perceptions collectives. Comme le soulignait Stuart Hall, théoricien des médias, la culture populaire est un champ de bataille idéologique où se définissent nos rôles sociaux. Si les aînés y sont absents, caricaturés ou ridiculisés, quel message envoie-t-on à la société ?

Par exemple, des publicités dans l’histoire récente de grandes entreprises bien connues au Québec — Vidéotron, Desjardins, Jean Coutu, Tim Hortons — ont toutes présenté à leur tour les personnes âgées comme dépassées, confuses, voire incapables d’utiliser la technologie. Ces représentations renforcent les stéréotypes et contribuent à leur marginalisation sociale.

Les chiffres ne mentent pas

Au Québec, l’Observatoire de la discrimination envers les aînés rapportait en 2022 que seulement 5 % des personnages dans les émissions de télévision québécoises sont des personnes âgées de 65 ans et plus. Et même lorsqu’ils sont présents, ils sont souvent enfermés dans des rôles stéréotypés : malades, nécessairement grands-parents, grincheux ou dépendants.

Des études américaines, comme celles du Geena Davis Institute et du SAG-AFTRA, confirment cette tendance. Moins de 15 % des personnages âgés à l’écran sont représentés de façon positive et active. Ce manque de diversité dans les rôles diminue l’empathie intergénérationnelle et limite les aspirations des personnes aînées à continuer de contribuer activement à la société.

Mais des signes d’espoir…

Heureusement, certains contenus vont à contre-courant. Au Québec, des séries comme Les Beaux Malaises ou Mémoires Vives ont exploré avec justesse les réalités du vieillissement ou présenté des personnages qui sortent des clichés. Le cinéma québécois a également offert des bijoux de représentation avec Il pleuvait des oiseaux ou Tu te souviendras de moi, qui abordent la vieillesse sous l’angle de la liberté, de l’amour, de la mémoire et de la dignité.

Des productions américaines très populaires ont aussi rayonné à l’international comme A Man on the Inside, Nomadland, ou encore Grace and Frankie, qui ont offert des rôles riches, complexes et nuancés à des actrices et acteurs de plus de 60 ans, prouvant que l’âge n’est en rien un frein à la créativité ou à la pertinence sociale.

 

Au Québec, l’Observatoire de la discrimination envers les aînés rapportait en 2022 que seulement 5 % des personnages dans les émissions de télévision québécoises sont des personnes âgées de 65 ans et plus.
L’AREQ en action
Face à ces constats, l’AREQ ne reste pas passive. Elle développe actuellement deux projets pour contribuer à renverser

ces stéréotypes :

  • Un jeu de société intergénérationnel, prévu pour 2026, qui permettra de sensibiliser les jeunes et les moins jeunes aux réalités complexes de la retraite, loin des clichés.
  • Un projet cinéma en partenariat avec La Course des régions, qui offrira une bourse aux jeunes cinéastes pour produire des courts métrages mettant en valeur des personnages aînés positifs, actifs et inspirants.
Pour une société inclusive à tout âge
Lutter contre l’âgisme, c’est aussi offrir aux aînés des modèles qui les représentent fidèlement : curieux, amoureux, drôles, puissants, imparfaits et humains. C’est rappeler que le chanteur de Metallica, James Hetfield, fait toujours vibrer des stades pleins

à craquer à 61 ans !

C’est également célébrer des figures inspirantes comme Janette Bertrand, qui a fêté ses 100 ans le 25 mars 2025. Toujours active, elle continue de publier, de s’exprimer et de défendre les droits des femmes et des aînés. Son centenaire a été souligné par une installation vidéo immersive à la Place des Arts intitulée Le siècle de Janette, retraçant son parcours et son engagement indéfectible pour une société plus juste et inclusive.

En bref, déconstruire les stéréotypes dans la culture populaire, c’est œuvrer pour une société qui reconnaît la pleine valeur de ses aînés. À l’écran comme dans la vie.

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