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Démystifier le processus du vieillissement

En juillet 2008, le magazine L’Actualité, sous la plume de Jonathan Trudel, nous surprenait tous en relayant l’idée d’un chercheur américain. Dans un long discours au MIT, le Massachussetts Institute of Technology, le futurologue et inventeur américain Ray Kurzweil dressait alors un bilan du processus de vieillissement en posant la question ultime : « Pourquoi ne pas défier la mort ? » Grâce aux avancées technologiques en génie génétique, en pharmacogénomique, en bio-informatique et en nanotechnologie, cela pouvait devenir possible : « Levons nos verres à l’immortalité ! » lança-t-il. Étonnant, n’est-ce pas ?

Encore plus étonnant, Kurzweil déclarait : « Il faut se réveiller. Vieillir tue. » Chaque jour sur la planète, cent mille personnes meurent littéralement de vieillesse. Selon lui, il faut réparer les dommages liés au vieillissement au fur et à mesure qu’ils apparaissent. En attendant le grand jour où les hommes découvriront le secret de l’éternelle jeunesse, Kurzweil suivait rigoureusement un programme de mise en forme (vitamines, minéraux, eau alcaline, thé vert) qui requiert encore aujourd’hui des études sur les données probantes de la longévité.
La communauté scientifique se penche depuis de nombreuses années sur cette quête de jeunesse. Depuis 1930, on sait que la restriction calorique favorise la longévité. Avez-vous déjà rencontré un centenaire obèse ? Dans les années 90, Cynthia Kenyon, chercheuse de l’Université de Californie à San Francisco et membre de l’Académie nationale des sciences des États-Unis, est parvenue à doubler la longévité d’un nématode (petit ver commun) en modifiant un de ses gènes. Depuis, elle a acquis la conviction que le vieillissement humain n’est pas absolument irréversible. Grâce au génie génétique, nous pourrions par exemple songer à modifier le gène récepteur du gras, si important pour nos ancêtres, qui chassaient et travaillaient dur, mais qui devient aujourd’hui une nuisance à cause de la baisse de notre activité physique. Est-ce dire que notre code génétique n’a pas suivi l’évolution ?

 

Mais pourquoi vieillit-on et quand devient-on vieux ?

Le Dr Henri Bianchi, psychogérontologue, propose une grille pour mieux comprendre le vieillissement en tenant compte des systèmes touchés par ce processus jusqu’ici inéluctable.

On observe, de plus, une diminution de l’activité enzymatique à tous les niveaux.

Cela peut se présenter sous forme de troubles digestifs vagues, de ralentissement de l’action de la division cellulaire (ADN), de changement de texture des cellules et de production hormonale moindre.

Le moment où commencera le processus de vieillissement et à quel rythme il progressera est inscrit dans nos gènes. La capacité des cellules à se multiplier par division cellulaire n’est pas illimitée et varie en fonction des individus. Ce processus d’élimination a été mis en évidence par le biologiste américain Leonard Hayflick, en 1961. Selon lui, la division des cellules se produit grâce à la présence de télomères, qui sont de petits capuchons recouvrant l’extrémité des chromosomes. À chaque division, ces séquences de répétitions raccourcissent et, une fois épuisées, les cellules ne peuvent plus se multiplier et elles meurent.

Une enzyme de ralentissement du vieillissement ?

Une enzyme importante récemment découverte appelée télomérase permet aux capuchons de durer plus longtemps. Le problème est maintenant de déterminer si cette enzyme est capable ou non de ralentir le vieillissement. La qualité de la télomérase présente dans le corps est déterminée par le patrimoine génétique. Cependant, les scientifiques constatent qu’il y a une relation entre la taille des télomères et nos habitudes de vie. On rapporte que les mères d’enfants atteints de maladies chroniques ont des télomères plus courts que la moyenne, ce qui démontre qu’un stress chronique influe sur la division cellulaire. Cette leçon de génétique nous incite à gérer le stress au quotidien et surtout à lire les effets qui se manifestent par les cris du corps.

Mutation des gènes

Certains facteurs environnementaux jouent sans doute un rôle déterminant dans notre longévité. Ainsi, l’influence des radiations sur le code génétique occasionne des mutations d’ADN. D’autres erreurs peuvent provoquer des mutations ou des variations dans la production d’ADN, par exemple la production d’agents tels les radicaux libres, qui se perpétuent par la division cellulaire. Notre corps possède une capacité de réparation limitée. Passé un certain stade, les dégâts sont trop importants, et la fin approche. Le vieillissement est donc intimement lié à l’accumulation de cellules défectueuses dans l’organisme.

Retarder la dégradation cellulaire
Tentons de pénétrer dans la cellule pour intégrer la conscience des agresseurs les plus sournois : les radicaux libres. Dans le processus de vieillissement,
il faut, de plus, identifier un joueur de taille : le système immunitaire. Ce système doit être gardé alerte et en constante vigilance, car on sait qu’il répond moins rapidement aux agressions avec le vieillissement. Il en résulte une fragilité accrue aux grippes et aux infections de tout genre. Par exemple, les pneumonies sont une cause fréquente de décès chez les personnes âgées, après les maladies cardiovasculaires et le cancer. La qualité de notre système hormonal représente le troisième facteur important du vieillissement.

Le but de cet article est de transmettre de l’information pour provoquer une prise de conscience à propos de l’accumulation de cellules défectueuses dans notre corps. Ce faisant, des attitudes correctrices peuvent être adoptées pour retarder cette dégradation cellulaire.

Les trois facteurs du vieillissement 

Trois facteurs influencent le vieillissement :

  1. Le stress oxydatif (radicaux libres)
  2. L’immunité
  3. Les hormones
Le stress oxydatif

Les radicaux libres sont des produits de déchets du fonctionnement de la cellule. Ils sont rejetés dans le circuit sanguin, produisent de l’inflammation qui irrite les vaisseaux sanguins et peuvent aussi devenir des promoteurs de cancer. En vieillissant, il devient de plus en plus important d’ajouter une diète antioxydante à son menu, comme la diète méditerranéenne.

L’immunité

Nous devons aussi prendre conscience que nous avons un pouvoir sur notre immunité :

  1. En contrôlant le stress ;
  2. En s’oxygénant (respiration, yoga, nature) ;
  3. En prenant régulièrement des probiotiques pour l’intestin, organe clé du système immunitaire.
Les hormones 
Effectuer un bilan hormonal complet à l’aube de la cinquantaine permet de mieux planifier la qualité de vie pour la suite.
En résumé, prendre conscience des trois facteurs liés au vieillissement, et tenter d’en prévenir les effets, c’est se donner la possibilité de vivre plus longtemps et assurément d’améliorer sa qualité de vie.
Et ne jamais oublier que le plus grand voyage commence par un petit pas…

Reprendre l’entraînement après s’être arrêté pendant des années

Entrevue avec Gaétan Boucher

Rébecca Sallesse | Conseillère en communication et relations de presse

Après avoir accroché ses patins il y a 24 ans, Gaétan Boucher a décidé de se remettre à l’entraînement pour participer, en janvier dernier, aux Jeux mondiaux des maîtres en patinage de vitesse. Les Jeux olympiques de 1988 à Calgary ont été ses derniers. Pour plusieurs raisons, mais surtout parce que la technologie avait beaucoup changé la pratique du patinage de vitesse, et qu’il n’était pas intéressé à poursuivre ce sport.

Ce n’est qu’en septembre 2022, à 64 ans, que Gaétan Boucher a décidé de chausser à nouveau des patins, à la suite d’une chirurgie cardiaque.

Bien qu’il ait toujours conservé un mode de vie actif, ce retour à l’entraînement s’est révélé nettement plus exigeant qu’il ne l’aurait cru.

« C’est pas facile de se remettre en forme. Le corps vieillit, et j’ai réalisé que c’est un sport très très difficile physiquement. Quand on est jeune, on progresse avec le sport et on se renforce. Mais en vieillissant, ça ne nous tente pas tellement de faire des entraînements difficiles. Surtout qu’on se rend compte que la force n’est plus la même, malgré le fait que, dans ma tête, je me pense encore en 1988 ! Ç’a été toute une adaptation d’accepter de patiner comme les gens de mon âge et non comme les gens de 30 ans », raconte Gaétan Boucher.

Malgré tout, en décembre 2022, il décide de participer aux Jeux mondiaux des maîtres le mois suivant, à Québec. Jeux qu’il remportera d’ailleurs.

Quand on lui demande s’il encourage les personnes aînées à bouger, la réponse vient d’elle-même : « Oui ! C’est sûr ! On le dit, le sport, c’est la santé. C’est important d’entretenir nos muscles. Beaucoup de gens de notre génération se mettent au sport sans jamais en avoir fait ou apprennent un nouveau sport, et ça change leur vie !  Sans oublier l’aspect bénéfique de l’exercice sur le moral et la vie sociale », renchérit le sportif.

L’ancien Olympien cite l’exemple d’un ami qui a commencé à pratiquer le vélo de route avec lui. Avec un surplus de poids qui l’obligeait à prendre beaucoup de médicaments, certains pour la tension artérielle, ce dernier s’est mis à l’exercice. Son niveau d’énergie a augmenté, tout comme son estime de lui, et sa médication a grandement diminué.

En raison de sa réputation, Gaétan Boucher avoue avoir dû composer avec le jugement des gens à propos de ses performances. « Quand je pratique un autre sport dans lequel je performe moins bien qu’en patinage de vitesse, on me juge beaucoup. On passe énormément de commentaires et on prétend que je suis moins bon qu’on le pense. Ce n’est pas facile pour le moral. L’entourage est plus compréhensif envers quelqu’un qui n’a jamais été un athlète professionnel. »

Par ailleurs, les liens que le sport crée entre les générations l’ont impressionné. « Jamais je n’ai senti d’âgisme envers moi de la part des jeunes sportifs. La plupart trouvent formidable de voir des personnes plus âgées se mettre au sport et espèrent être comme eux à leur âge. Ils m’ont même donné des conseils et des trucs pour reprendre l’entraînement de façon efficace », se réjouit le patineur. Il en profite d’ailleurs pour souligner que plusieurs de ses adversaires, lors des Jeux mondiaux des maîtres 2023, n’avaient jamais fait de patinage de vitesse de leur vie.

« Si eux peuvent le faire, tout le monde le peut aussi. Il suffit de le décider… et de s’y mettre ! » conclut l’ancien Olympien, qui continue de s’entraîner pour le plaisir, maintenant que les Jeux mondiaux sont passés.

 

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