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Le complotisme – Sommes-nous nourris de faits alternatifs ?

Phénomène complexe que le complotisme, qui semble avoir surgi à l’arrivée de la pandémie de COVID-19. Il est vrai que les fausses nouvelles, les fameuses fake news, se sont bien installées dans les médias sociaux et n’ont fait qu’amplifier les discours alarmistes et les fausses informations. Mais les complots de toutes sortes existent depuis longtemps.

Il faut savoir que le complotisme désigne une vision du monde qui interprète les phénomènes sociaux à travers l’existence supposée de complots.

À travers l’histoire, l’idée que les événements surgissent à la suite de complots n’a rien de nouveau. Souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps, de l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, sur l’ordre du président Bush, dénonçant la présence supposée d’armes de destruction massive en Irak. Un fameux prétexte, n’est-ce pas, pour envahir le pays !

Les fausses nouvelles ne sont ni plus ni moins qu’une forme de manipulation des masses. La pandémie a exacerbé les discours des groupes extrémistes en amplifiant de fausses informations, entre autres sur le virus, dans le but de démontrer qu’il s’agissait d’un complot pharmaceutique.

Que peut-on y faire ?

Comment lutter contre les fausses nouvelles et comment fait-on pour y répondre sans radicaliser nos proches ? Il faut savoir que les fausses nouvelles prennent racine dans nos émotions fortes (colère, indignation, tristesse, surprise). Le mieux est donc de revenir au calme pour les affronter, ce qui n’est pas facile.

Selon un sondage Ipsos, près de 9 personnes sur 10 ont avoué avoir été bernées par de fausses nouvelles durant ces années difficiles et perturbantes. Eh oui, nous avons été nourris de faits alternatifs ! Pas facile de se démêler dans tout ça.

Il y a de fortes chances que nous ayons été en lien avec des personnes qui adhèrent à la théorie du complot. De quelle manière doit-on s’y prendre pour souligner à un proche qu’il partage de fausses informations ? Ce n’est sûrement pas le moment pendant les soupers de famille ! Il vaut mieux parler à la personne en privé. Le dialogue peut être difficile (discuter, ne pas affronter), n’oublions pas que ce sont des amis, des parents, des gens comme nous qui cherchent un sens aux événements.

Voici les questions à se poser pour détecter les fake news.

Qui ?       Qui a rédigé l’article ? Est-ce que ce média est une source crédible ? L’auteur est-il un expert réputé sur le sujet ?
Quoi ?     Est-ce que l’article présente différents points de vue ? S’agit-il d’un texte d’opinion ? Est-ce que les sources sont fiables ?
Quand ?  Est-ce que l’article est une re-publication ? Quand a-t-il été diffusé ? Est-ce que la date de publication est véridique ? La publication coïncide-t-elle avec un événement actuel ?
Où ?        Toutes les plateformes ne se valent pas en termes de qualité de l’information. Certaines sources sont beaucoup plus crédibles que d’autres, il faut toujours rester vigilants.

L’un des principes fondamentaux de la pensée conspirationniste est que la vérité n’est jamais celle que l’on croit. Dès lors, l’idée selon laquelle on nous cache l’information et qu’on la manipule constitue une règle à la base de tout complot supposé.

L’adhésion au complotisme est complexe. Ce phénomène fait naître de nombreux préjugés et de nombreuses croyances, le plus souvent démentis par les études scientifiques.

Sur le plan individuel, il semble qu’il soit la combinaison de différents ingrédients : certains traits de personnalité et, plus largement, l’environnement social et le contexte politique.

La vision complotiste contribue à polariser la société et à éroder les fondements de la cohésion sociale.

Existe-t-il un lien entre l’éducation et le complotisme ? Si l’éducation fait partie des solutions, elle ne saurait être considérée comme un remède miracle. En gros, plus notre niveau d’éducation est élevé, moins on a de chance d’adhérer aux théories du complot.

Suggestion de lecture
Marie-Ève Carignan et David Morin, Mon frère est complotiste ; comment rétablir le lien et le dialogue social, Éditions de L’Homme

Références
Félix Cauchy Charest, conseiller en communication, CSQ
Marie-Ève Carignan, professeur à l’Université de Sherbrooke
David Morin, professeur à l’Université de Sherbrooke
Martin Geoffroy, professeur-chercheur et directeur du CEFIR (Centre d’éducation et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologismes politiques et la radicalisation)

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