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Est-ce tout ce qu’il nous reste de culture religieuse ?

Dans ma dernière chronique, j’affirmais que protéger la langue française, c’était d’abord bien la parler en évitant les anglicismes et les phrases mal structurées et en utilisant le mot juste. Je terminais en écrivant que l’on devrait aussi bannir les sacres pour s’exprimer en français correct.

Depuis le début du troisième millénaire, un nombre important d’églises ont fermé leurs portes, faute de pratiquants. Certaines ont été transformées en édifices à condos, d’autres en centres communautaires et un certain nombre ont été démolies. Paradoxalement, les mots d’église émaillent toujours la langue parlée des Québécois, et le mot « tabarnac » pour exprimer la colère et l’indignation détient le record du sacre le plus souvent utilisé. Ces trois syllabes retentissent dans l’oreille. Cependant, la langue française offre un vocabulaire riche pour exprimer toutes les émotions, incluant la colère et l’indignation.

Certains sacres deviennent des verbes que l’on conjugue à tous les temps comme « crisser ou se crisser de », « câlisser ou se câlisser de ». N’a-t-on pas entendu l’animateur de TLMEP affirmer « je m’en câlisse », à propos de gens qui ne partagent pas son opinion ? D’autres sacres conservent leur nature de nom commun, mais avec une autre signification, comme dans les expressions « c’est un beau criss », en parlant d’un mécréant… qui n’a rien à voir avec le Christ. Parfois, certains sacres jouent le rôle d’adverbe comme dans « être en criss » ou « être en tabarnac » ou, comme le disait Catherine Dorion, ex-députée de Québec solidaire, qui, annonçant à ses militants qu’elle quittait la vie politique, le 31 mars dernier, leur a dit : « Moi je tiens à vous dire que vous avez été là en “esti” ! »

Malheureusement, nos médias, dans les téléséries, nous renvoient souvent cette image de personnages qui sacrent allègrement. Est-ce le réalisme qui l’exige ? Je ne le crois pas, car heureusement, ce ne sont pas tous les Québécois qui sacrent.

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