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L’esclavage moderne : ça existe !

En France, l’esclavage a été aboli en 1794, mais réinstauré par Napoléon en 1802. L’Angleterre est devenue le premier pays à abolir la traite d’esclaves en 1807, les États-Unis, en 1808, et la France, quelques années plus tard. Le Slavery Abolition Act est entré en vigueur le 1er août 1834, abolissant l’esclavage dans tout l’Empire britannique, dont l’Amérique du Nord britannique. Ce texte rend officiellement l’esclavage illégal dans toutes les provinces du Canada.

Rappelons-nous que la Convention supplémentaire relative à l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l’esclavage a été adoptée à Genève le 7 septembre 1956.

Et pourtant…

L’esclavage et les pratiques esclavagistes persistent encore aujourd’hui dans de nombreuses régions du monde. L’OIT décrit ainsi certaines pratiques encore courantes comme faisant partie de ce fléau.
L’esclavage, c’est aussi le fait d’une coutume ou d’un accord de vivre et de travailler sur une terre appartenant à une autre personne et de fournir à cette autre personne, contre rémunération ou gratuitement, certains services déterminés sans pouvoir changer
sa condition.

L’esclavage, c’est pour une femme d’être promise ou donnée en mariage sans son consentement moyennant une contrepartie en espèces ou en nature versée à ses parents, à son tuteur, à sa famille ou à toute autre personne. En d’autres mots, elle est vendue. La femme peut aussi être transmise par succession à une autre personne à la mort de son mari.
L’esclavage, c’est aussi une pratique en vertu de laquelle un enfant de moins de dix-huit ans est remis à un tiers par ses parents, ou par l’un d’eux, contre paiement ou non, en vue de l’exploitation de cet enfant.
L’esclavage n’appartient pas qu’au passé, on le voit par ces exemples : la traite d’êtres humains, la servitude pour dette et le travail domestique forcé.

Javad Takjoo, Iran Ce dessin illustre la situation critique de nombreux enfants pris au piège du travail forcé, qui passent leur enfance à travailler dur au lieu de grandir et de jouer dans un environnement sûr. Il fait écho à l’Année internationale de l’élimination du travail des enfants, car le travail forcé est l’une des pires formes de travail des enfants.

Attardons-nous ici au sort des travailleuses domestiques. La loi fédérale du travail de 1970 définit le travail domestique et établit les conditions de travail pour ces travailleuses. La réalité ? Difficile d’appliquer ces conditions minimales. Selon une recherche faite par le Centre international de solidarité ouvrière (CISO), il existe une relation inégale, car il n’y a pas de contrat de travail entre les employeurs et les travailleuses. La loi n’établit pas la durée de leur journée de travail ni les heures supplémentaires. Elles font face à des situations abusives, à de mauvais traitements, à l’humiliation et à diverses formes de discrimination, et les femmes immigrantes y sont surreprésentées.

L’esclavage trouve ses racines dans l’ignorance, l’intolérance et la cupidité. Les esclaves n’ont jamais accepté leurs conditions de vie, leur sort. L’espoir qu’ils ont, c’est d’échapper à leurs souffrances et à leur servitude.

L’auteur et essayiste Frantz Fannon, psychiatre, figure majeure du courant de pensée tiers-mondiste et de l’anticolonialisme des années 1950, posait ainsi la question : « Pourquoi certains humains sont-ils déshumanisés ? » Dénonçant le racisme dont il était lui-même victime, iI a, dans ses ouvrages, exhorté le monde à ce que cesse l’asservissement de l’homme par l’homme.

Aujourd’hui encore, on dénombre plus de personnes en situation d’esclavage qu’à toute autre période de l’histoire. Ce sont 25 millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont soumis au travail forcé. En raison de la pandémie de COVID-19, les populations vulnérables, les travailleuses et les travailleurs sont davantage exposés au risque d’être pris au piège du travail forcé. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour prévenir le travail forcé et y mettre fin. Demandons à nos dirigeants de soutenir le Protocole sur le travail forcé, qui réaffirme son interdiction.

Il nous incombe de créer un climat dans lequel de tels abus et une telle cruauté deviennent inconcevables. Il faut dire NON à l’esclavage moderne qui se cache sous différentes formes.
Rien n’est jamais acquis.

Référence : Organisation internationale du travail (OIT) 2021

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