Est-ce que les changements climatiques me stressent ?
Sans hésitation, j’ai personnellement répondu « aucunement », et le lendemain, en consultant les résultats, j’ai constaté que sur 778 répondants, les votes se répartissaient ainsi : « beaucoup » 25,58 % (199) ; « un peu », 52,44 % (408) ; « aucunement » 21,98 % (171). En réfléchissant à ma réponse et à celles des autres, je me suis dit qu’il faudrait en parler davantage. Voici donc la démarche que j’ai entreprise pour mieux comprendre ce phénomène de société qu’est l’écoanxiété, amplifié par la pandémie de coronavirus que subit notre planète.
Qu’est-ce que l’écoanxiété ?
Dans Vivre sérieusement dans un monde abîmé, l’auteure Alice Desbiolles1 se réfère à la solastalgie, un concept inventé par Glenn Albrecht2, et nous présente l’écoanxiété comme « une forme de souffrance et de détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux passés, actuels ou attendus, en particulier concernant la destruction des écosystèmes et de la biodiversité, et par extension le réchauffement climatique ». Guerres, montée de la droite, terrorisme, déforestation, exploitation des mines, inondations, sécheresses, feux de forêt, et plus près de nous, troisième lien, fonderie Horne, ventilation des écoles, etc., sont de ces événements pouvant entraîner cette forme d’anxiété nouvelle.
Quant à moi, je peux affirmer que ma recherche a augmenté mon écoanxiété. Pour tout dire, je dois avouer qu’aujourd’hui, je me situe dorénavant dans la catégorie des 52 % « un peu » écoanxieux. Que pouvons-nous faire à l’AREQ pour diminuer ce stress ?
Demain, le soleil se lèvera encore
J’ai aussi relu le Cri du cœur des Mères au Front de Laure Waridel. Ce groupe fait « de l’amour, de la beauté, de la poésie, de l’art, et de la colère, une place centrale dans l’ensemble de ses activités dont l’objectif premier est de protéger l’avenir de nos enfants contre l’inaction climatique ». Pour Laure Waridel, une façon de diminuer notre écoanxiété passerait par le militantisme et l’engagement social, c’est-à-dire par le fait de briser l’isolement face à ce fléau. À l’AREQ, nous pourrions, par exemple, nous intéresser davantage à ce phénomène de société et ainsi renforcer le poids de nos actions.
Un hasard ! Je venais de terminer la lecture de L’Illusion carboneutre, de Gaëtan Lafrance3. Cet essai présente énormément de tableaux et de graphiques, par exemple sur le temps qu’il fera en 2050, avec certaines marges d’erreur. Après 2050, il semble en effet difficile de faire de bonnes prédictions. Malgré sa lecture exigeante, ce livre me semble important parce qu’il permet d’enlever nos œillères, d’avoir l’heure juste, enfin… plus juste, sur les changements climatiques, et surtout de diminuer notre écoanxiété.
Malgré une approche parfois apocalyptique, le professeur Lafrance termine son essai sur une note optimiste, comme en témoignent ces extraits. « Dans l’histoire, l’être humain a fait des horreurs et des erreurs, des guerres et des destructions […] il a provoqué des changements climatiques. […] Mais en parallèle, l’humain a fait des merveilles. Acculée au mur, la nouvelle génération peut aussi être moins individualiste et plus solidaire. »
Demain, que fera l’AREQ ?
En menant un projet en collaboration avec le Mouvement ACTES, Actions collectives en transition environnementale et sociale, et en nous joignant aux jeunes (nos petits-enfants), nous, les membres de l’AREQ, pourrions contribuer à sauver notre planète à notre échelle.
En 2016, l’AREQ soutenait le bannissement des sacs de plastique à usage unique, une belle réussite.
Aujourd’hui, nous pourrions améliorer notre plan d’action en environnement au prochain Congrès de l’AREQ. Et pourquoi ne pourrions-nous pas ajouter ce souhait à notre slogan : Vivre dans la dignité… sans écoanxiété ?
1 Alice Desbiolles est médecin. Son parcours l’a amenée à travailler à l’hôpital, au sein d’organismes gouvernementaux de santé publique, au ministère de la Santé, à l’Institut Pasteur, et à participer à des missions sanitaires internationales. Elle est l’une des premières professionnelles de santé à avoir popularisé et porté médiatiquement l’écoanxiété et les conséquences sanitaires du réchauffement climatique.
2 Glenn Albrecht est un philosophe spécialiste de l’environnement. Il définit le concept de « solastalgie », c’est-à-dire l’expérience vécue lors de changements environnementaux négatifs.
3 LAFRANCE, Gaëtan. L’Illusion carboneutre (Quel temps fera-t-il vraiment après 2050 ?), Éditions MultiMondes 2022, 230 pages.
« Le professeur émérite Gaëtan Lafrance (INRS) est l’un des rares spécialistes en matière de prévision énergétique et d’analyse des comportements des consommateurs d’énergie. Souvent consulté sur les politiques de recherche et les questions énergétiques, le professeur Lafrance s’est illustré par son expertise unique en planification énergétique, en particulier pour les réseaux électriques. »