Les soins à domicile, un défi pour notre société
Le comité national d’action sociopolitique, édition 2021-2023, a choisi de prioriser le dossier des soins à domicile. Le 15 février dernier, une rencontre avec les répondants régionaux et le Dr Réjean Hébert avait lieu. Ce dernier a insisté sur le retard du Québec dans l’organisation des soins à domicile, comparé à d’autres sociétés plus à l’avant-garde.
Le Dr Hébert souhaite que le Québec se dote d’une assurance autonomie pour aider les aînés en perte progressive d’autonomie à vivre cette période difficile à domicile.
Voici quelques constats pour mieux saisir la réalité.
- En 2030, un Québécois sur quatre sera un aîné de 65 ans et plus, ce qui augmentera inévitablement les coûts en santé et services sociaux pour l’État québécois.
- Selon une analyse de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), une personne sur neuf admise dans un CHSLD en 2018-2019 aurait plutôt pu rester à domicile en y recevant des soins.
- D’après un récent sondage, la grande majorité des Québécois désirent vieillir chez eux le plus longtemps possible et demeurer au sein de leur communauté.
- Selon le collectif Cap sur la dignité, une personne sur neuf résidents en CHSLD pourrait demeurer chez elle si les soins à domicile étaient mieux financés et mieux organisés.
- Plus de 41 000 Québécois attendent un service à domicile, un nombre qui a bondi de 20 % en trois ans, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux.
- La grande majorité des aînés restent dans leur maison jusqu’à leur séjour en soins palliatifs.
- 18 % des aînés québécois vivent dans une résidence privée pour aînés (RPA), petite ou grande.
- Quelques aînés expérimentent la vie dans une maison intergénérationnelle.
- Environ 40 000 aînés résident en CHSLD et la durée moyenne de séjour en CHSLD est de 27 mois.
La difficulté de vivre chez soi le plus longtemps possible
Peut-être êtes-vous en forme. Eh bien tant mieux ! Mais un jour, certaines difficultés physiques et cognitives apparaissent et affectent la capacité d’être autonomes, entraînant parfois des déplacements vers d’autres lieux de vie.
Si les CLSC offrent du soutien gratuit, ce n’est souvent que le strict minimum : une travailleuse sociale comme personne-pivot, la visite d’une infirmière, une préposée pour le bain hebdomadaire. Des organismes communautaires et d’économie sociale contribuent au maintien à domicile par des repas et le ménage contre rémunération. Certaines personnes en perte d’autonomie peuvent compter sur la présence et la contribution des proches-aidants. Très rarement les médecins se déplacent.
Vivre en RPA? Ce n’est pas donné à tout le monde ! En voici un exemple : une dame centenaire que je connais vient d’obtenir une place en RPA pour près de 6 000 $ par mois.
Il est ici le nœud du problème. Beaucoup d’aînés sont pauvres, particulièrement des femmes.
Des soins avant le béton
Le député de mon comté se dit sensible à cette problématique. Il voit venir la vague de 2030. Construire quelques maisons des aînés, c’est bien, mais il faut aussi rénover les CHSLD, offrir du soutien aux Québécois qui se lancent dans la transformation ou la construction de maisons intergénérationnelles et surtout, augmenter et mieux structurer les soins à domicile.
Lors des états généraux du 3 mai prochain à Québec, il en sera question. L’AREQ et les autres membres de la Coalition Cap sur la Dignité, des syndicats, des représentants des partis politiques, quelques experts en santé, feront des recommandations dans une déclaration commune sur la condition générale des aînés au Québec et leurs besoins.
Pour s’outiller en vue des élections
Ginette Plamondon, conseillère à la condition des femmes et à l’action sociopolitique, a concocté un excellent document pour clarifier les concepts et les divers services offerts au Québec. Elle est disponible pour rencontrer les régions et les secteurs qui veulent approfondir cette question.
En vue de la campagne électorale, devenons comme Socrate : interrogeons-nous sur les divers programmes de soins de santé et particulièrement à propos de l’avenir des soins à domicile.
Après un Québec fou de ses enfants, pourquoi pas un Québec digne de ses aînés ?